Cantacuzène : aldéhydes et alcools chlorés
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Thèse de pharmacie présentée à Faculté des Sciences de l'Université de Paris

pour obtenir le grade de Docteur es Sciences Physiques


par ¶


Jean Cantacuzène


Etude physico-chimiques sur les aldéhydes et alcools a-chlorés, évolution des propriétés acido-basiques


soutenue le 23 juin 1904


devant la commission d'examen :

Kirrmann, A., président

Freymann, Josien, examinateurs




RESUME ET CONCLUSION GENERALE


Cette étude nous a permis de mettre en relief l'évolution des propriétés fonctionnelles des aldéhydes et des alcools, quand on accumule des atomes de chlore sur le même atome de carbone, situé en a de la fonction.


L'étude spectrale ultraviolette des aldéhydes en solution, nous a montré que, dans la généralité des cas, les spectres d'absorption possèdent une structure fine accentuée, qui disparaît par accumulation des substituants en a. L'influence des solvants non inertes sur ces spectres est très différente de celle observée à propos des aldéhydes aliphatiques par MARONI : les cétones et aldéhydes halo-gènes les plus substitués sont ceux dont les spectres, dépourvus de structure, sont les moins sensibles à l'influence de l'environnement intermoléculaire (solvant), car l'influence de l'environnement intramoléculaire est déjà très importante.


En application de cette étude spectrale, nous avons pu mettre au point la «méthode à la cyclopentanone » qui permet d'étudier quantitativement les très faibles donneurs d'hydrogène, en les opposant à la cyclopentanone : c'est une «base» dont la fine raie d'absorption à 323,5 ma est caractéristique du groupement carbonyle non associé par son atome basique, l'oxygène. Cette méthode est applicable à tout acide faible, n'absorbant pas les radiations dans la région spectrale indiquée; elle permet une précision supérieure à celle obtenue en utilisant les radiations infrarouge. On a ainsi pu classer les alcools par acidité croissante, dans le sens éthanol ---> trichloroéthanol, ainsi qu'on pouvait le prévoir qualitativement ; mais l'augmentation de l'acidité des alcools est de moins en moins marquée quand on accumule les atomes de chlore en a ; il y a donc un «amortissement» qui peut se comprendre en termes d'effet inductif : c'est en effet en ces termes qu'on a justifié la diminution de la polarité des liaisons individuelles C — X, dans le cas des halogénométhanes, quand on accumule des atomes d'halogène sur le même atome de carbone. Ainsi, dans la mesure où l'on relie l'effet inductif au moment dipolaire d'un groupement C — Cl substitué en a, on conçoit que l'effet inductif exercé par trois groupements C — Cl a substitués soit inférieur au triple de ce qui est obtenu pour un seul groupement C— Cl a substitué, puisque mC -C1(a-trisubstitué) < mC -C1 (isolé).


Ceci se retrouve dans notre cas à propos des chloroéthanals dont l'accroissement de réactivité (liée à la charge + du carbone aldéhydique) va en s'atténuant lors de l'accumulation d'halogènes en a du groupe carbonyle ; cette atténuation, alliée à un effet stérique croissant dans le même sens, aboutit au fait que dans un solvant inerte le chloral a une réactivité égale ou inférieure à celle du dichloroéthanal.


L'effet inductif des halogènes augmente les acidités ; il doit diminuer les basicités des oxygènes, dans les fonctions aldéhyde et alcool envisagées. Nous avons pu le montrer par deux méthodes essentiellement : La méthode où l'on étudie la couleur de l'iode dissous permet d'établir un classement par basicités décroissantes quand on accumule les halogènes en a des groupements fonctionnels OH et C = O ; ce classement est identique à celui obtenu par la «méthode au chloroforme» qui a été mise au point en collaboration avec Mlle Maryvonne MARTIN. On peut, par cette méthode, étudier la basicité de très nombreuses molécules, en suivant la fréquence de résonance magné-tique nucléaire du proton acide du chloroforme. Pour les basicités également, on a pu constater un certain «amortissement» de la diminution observée au fur et à mesure de l'accumulation des halogènes en a.


L'auto association d'un alcool par ponts d'hydrogène est considérablement atténuée dans les éthanols de plus en plus chlorés et l'effet d'accroissement d'acidité des hydrogènes n'intervient que peu, par rapport à l'effet de diminution de basicité des oxygènes. Ces faits inconnus et non prévisibles, ont été établis au moyen de mesures cryoscopiques. Ceci nous a donné l'occasion de démontrer une formule générale reliant la constante d'association Kn des polymères d'ordre supérieur, à la concentration analytique du soluté susceptible de former réversiblement des longues chaînes. La valeur 2/Kn est égale a la concentration analytique pour laquelle le degré d'association moyen est égal à deux.


En application de ces données initiales qui nous étaient toutes nécessaires, nous avons étudié en solution très diluée la formation réversible d'hémiacétals, résultant de l'addition d'éthanols chlorés sur des éthanals chlorés. Le facteur essentiel qui détermine la stabilité d'un hémiacétal est, d'une part le caractère électrophile du carbone aldéhydique, d'autre part le caractère nucléophile de l'oxygène alcoolique; la basicité de l'oxygène aldéhydique et l'acidité de l'hydrogène des alcools n'interviennent pratiquement pas pour déterminer la stabilité du produit d'addition. Cela est vrai pour les couples aldéhyde-alcool envisagés dans ce travail, mais cette constatation est très générale et concerne toutes les réactions d'ouverture du groupement C = 0 par un réactif B — H.


L'équilibre sera d'autant plus déplacé dans le sens 1 que le groupement B sera plus basique, et l'on obtient par ordre de réactivité décroissante, vis-à-vis d'un groupement carbonyle donné aminés secondaires > alcools aliphatiques > alcools chlorés > acides.


Les acides, par exemple, sont incapables de provoquer l'ouverture des cétones et aldéhydes habituels; mais si l'on s'adresse à un dérivé carbonyle dont le carbone fonctionnel soit particulièrement positif, on peut espérer obtenir des composés d'addition suffisamment stables. C'est effectivement le cas de l'hexafluorocyclobutanone qui fournit avec tous les hydracides halogènes des produits d'additions stables; ainsi l'équilibre précédent sera d'autant plus déplacé dans le sens 1 que le caractère électropositif du groupe carbonyle sera plus accentué, et l'on a, par ordre de réactivité décroissante, vis-à-vis d'un réactif B — H donné : hexafluorocyclobutanone >aldéhydes a chlorés >aldéhydes a bromes > aldéhydes aliphatiques > aldéhydes conjugués


On connaît en effet l'inaptitude des aldéhydes conjugues à donner des réactions d'hydratation; dans ces composés, la charge + sur le carbone fonctionnel est fortement atténuée par la mésomérie :


Une conséquence logique des faits précédents sera l'effet des solvants non inertes sur l'équilibre envisagé : Nous avons étudié les équilibres précédents, dans trois types de solvants : inerte, «basique», «acide». On peut prévoir que la formation des hémiacétals pourra être défavorisée dans le sens 1 de deux façons au moins :

— si l'on masque ou «neutralise» en partie les doublets basiques de l'oxygène alcoolique par un solvant de type acide ;

— si l'on «neutralise» en partie la charge + du carbone aldéhydique par un solvant de type basique.


C'est bien ce que nous avons observé en comparant les constantes d'équilibre obtenues dans le chloroforme et dans le dioxane à celles obtenues dans le cyclohexane. Nous avons alors établi une formule générale qui permet de rendre compte de façon satisfaisante des modifications de réactivité provoquées par la solvatation. Ceci a été possible grâce à la faculté que l'on a en chimie organique de choisir presque à volonté un solvant parfaitement inerte ou essentiellement «acide» ou surtout «basique» et on a donc rejoint, par cette étude, le problème des activités : nous avons montré dans les cas envisagés qu'elles dépendaient de la concentration du soluté (association des alcools par liaisons hydrogène) et de la nature du solvant utilisé.

 

 

 

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